Laveur de carreaux et âme des tubulures
Le poète Francesco Marotta accompagne dans sa traduction italienne d’une énergie dense les gestes du travail sur le carrelage, les vitres, le très haut échafaudage vers la voûte. Voici comment : https://rebstein.wordpress.com/2021/12/13/respiri-souffles/
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Il verse vers le sol carrelé son regard,
son puzzle branlant, son maigre assemblage de graines
pour récoltes aux soins de ses enfants.
Il secoue le seau rouge
pour brasser l’eau
avec le détergent.
Il ajuste le balai vert
pour frotter sol ou vitre
avec la pureté des déluges.
D’un souffle il envoie sa vie dans ses trois gestes.
Elle le précède. Il part la chercher
pour la remettre dans la terre de son enfance.
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A Gentilly, le 22 octobre 2021
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Ils sont neuf à assembler les tubulures
ce matin beaucoup plus haut sous la voûte,
vingt mètres du sol, vingt millénaires dans les vents.
Ils sont neuf, cognant le métal, cognant aussi
ce matin le bois, se hélant dans le haut et
le bas de l’échafaudage,
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neuf percussionnistes soulevant du sol
en rythme aléatoire la beauté dure de la vie
vers les oreilles de ceux à qui importent le sens.
A la rangée de tubulures la plus haute
surgit alors dans la nuit maternelle de la voûte
l’acrobate, le félin, le corps d’ombre brûlante
de l’universel solitaire qui va nous envoyer
dans son souffle le début du grand récit.
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A Chartres, le 19 octobre 2021
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Yves Bergeret
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6 réponses à “Laveur de carreaux et âme des tubulures”
Rètroliens / Pings
- 13/12/2021 -
- 31/12/2021 -
- 02/01/2022 -
- 03/02/2022 -
Transcender le quotidien est le privilège du poète…fascinant.
La nature, les éléments inspirent le poète, mais aussi les gestes les plus simples de la vie quotidienne. Ils prennent sens, ils prennent vie, ils nous interrogent