Le Cercle de pierres
Poèmes tous peints en plein air pour une installation
sur papier Fabriano 200gr de format vertical de 200 cm sur 75 :
première présentation publique le 26 août 2015 à Poyols avec des interventions musicales du saxophoniste Nicolas Mizen ( basées sur les éléments de la Sequenza IX de Luciano Berio ) et avec des rehauts exceptionnels de Mariam Partskhaladze (laine, soie, feutre, etc.) sur le cinquième poème.
Cette installation est conçue et réalisée dans la lignée directe d’Archipel Vigie (cf ce blog, septembre 2014) créée à Poyols et Ponet, près de Die, un an avant. A la demande des habitants de Poyols (Association des Amis de la Béoux ; aide du Conseil Presbytéral) et avec leurs participations actives et remarquables le cycle de ces poèmes a été créé et réalisé sur très grands papiers en trois mois.
Portée par l’éloquence métaphorique et géologique des montagnes du Diois et des reliefs de la Sicile, l’installation a pour thème central la migration (drame, exils, long voyage) toujours dans la conscience éthique de l’autre, de son écoute, du dialogue, donc de la parole qui ouvre.
En activant ce lien : https://youtu.be/7gLYD05lC9A on entend l’enregistrement de la création de l’oeuvre
e in italiano, ecco : https://rebstein.wordpress.com/2015/09/07/il-cerchio-di-pietre/
1
Exceptionnellement peint à Aidone, au cœur de la Sicile
au format vertical 260 cm x 75, le jeudi 11 juin 2015
Des cavaliers sautèrent dans le vide,
la falaise signait leur mâle destin.
Puis une femme prit sa monture,
la fit tourner dans la paume des montagnes.
Les alouettes à tue-tête acquiesçaient
invisibles, là-haut.
Puis les martinets,
dans l’éloquence sonore de la beauté
qui ne possède pas.
2
Créé et peint sur les galets du lit de la Sure, juste à l’amont de Sainte-Croix, près de Die
le jeudi 25 juin 2015
en pensant à la Crête d’Aucelon
Les maîtres font ravaler aux nourrissons leur langue,
les puissants applaudissent, rachètent.
Lui, scindant, scindé,
tranchant, tranché,
ouvrant le ciel en deux
partage les eaux entre ubac et adret.
Effrayé du pouvoir que son geste lui jette au visage,
sacrificateur sans victime
si ce n’est de lui-même,
auberge de chair et de sang
dont cave et grenier brûlent,
pilote aux yeux crevés,
il entend sans fin les tambours de dépossession,
cherche, en jetant de part et d’autre dans le vide des pierres,
cherche la parole claire.
3
Créé et peint le lundi 29 juin 2015 dans une clairière de Combemal, à Rousset,
sur les hauts plateaux du Vercors près de Die
en pensant aux piliers verticaux du Roc d’Ambanne
Lui traverse à gué le détroit
portant sur ses épaules le monde
harassé, hirsute, argile et ténèbre.
Cette aube il sera le haut pilier calcaire
pour porter son âme vers le dixième ciel
où le sédiment devient allégresse
puis sera une montagne qui se penche
pour poser au sec le monde,
ôter son vieux masque
et lui parler.
4
Créé et peint le mardi 30 juin 2015 dans une clairière de Combemal, à Rousset,
sur les hauts plateaux du Vercors près de Die
en pensant à la haute falaise de Boutarinard, sur la crête d’Aucelon, près de Die
Lui aussi traverse à gué le détroit
portant à l’épaule gauche la lune blanche
du doute et de l’épuisement,
à l’épaule droite le noyau de l’étoile
qui monte en vrille dans le ciel
et lève une montagne claire,
simple comme un jeune dieu.
Or la traversée n’en finit pas,
la montagne est creuse
et s’évide par moitié.
Lui reprend l’étoile et la montagne,
les cogne l’une contre l’autre,
en recueille la poussière d’humanité,
plancton sobre et beau de la traversée sans fin.
5
Créé et peint le 8 juillet 2015 à Die
en pensant au Vallon de Combeau
Elle entend ses enfants jouer dans le sable du jardin,
les grains tombent, le sable chante,
chaque grain est une colline du Caucase,
chaque grain une montagne de son enfance,
grain un glacier noir,
grain une griffe de tigre,
grain une page d’épopée,
elle écoute ses enfants recoudre son enfance,
elle les écoute dégager grain à grain
l’autre pied de l’arc en ciel
qu’elle créa en commençant son voyage.
6
Créé et peint le 8 juillet 2015
aux marnes de Boutarinard, au pied de la falaise de Boutarinard, près de Die
De son son enfance il fit un hachis
qu’il jeta en pâture au tigre des glaciers.
Bien après son âge mûr
il grimpe talons nus sur les volcans.
Les empreintes de la plante de ses pieds :
un curieux archipel, dur comme vertèbres,
comme osselets des épopées
qu’il fait tomber et rouler sur la table où se jouent nos destins,
mêlant fine raison et symbole rutilant.
7
Créé et peint le 12 juillet 2015
sur la crête de Solaure, près de Die
en pensant à la crête au dessus du refuge Citelli, dominant Valle del bove, sur l’Etna
J’atteignis la crête avant la nuit
où je vis un large cercle de pierres claires.
La nuit avait déjà noué les vallées.
Je n’entrais pas dans le cercle de pierres.
Qui était miroir du ciel
puis baiser du ciel avant le noir.
Et j’entendis la jeunesse de la montagne,
le lent déménagement des planètes,
l’ardeur avant l’entrée en scène
et le souffle de la création
qui cherche encore ses mots.
8
Exceptionnellement créé et peint à Casa Corpo, à Noto Antica,
dans le sud de la Sicile le 31 juillet 2015
Car les pierres pensèrent et naquirent
mettant la violence en fuite alluviale
vers le fond des ravins.
Les pierres saluent
et incarnent si bien l’ombre de la parole
que s’y reconnaissent les générations humaines
et que les dieux s’y accrochent même en pleine crête.
Les pierres seront la cave du ciel,
les traces de l’assemblée des dieux,
l’anneau au doigt de la parole
fidèle à la parole
dans sa migration à jamais.
9
Créé et peint le 17 juillet 2015
sur la crête juste à l’est du col de Menée
en pensant à la crête au dessus de Valle del Bove, sur l’Etna
Vers minuit à la lune
arriva un homme très sombre.
De l’autre côté du cercle de pierres il s’assit
et chanta ces paroles :
« nous avons un précipice dans le cœur.
Quatre volcans portent le ciel.
Mon âme est une haute tour de signes mirifiques,
elle ignore la poussière et la déroute
et j’en pleure.
Un précipice se creuse dans ma bouche.
Serai-je enfin un gué dans quatre vallons ? ».
10
Créé et peint le 20 juillet 2015
Dans lit du torrent de la Jarjatte, en amont du village, dans le Dévoluy
en pensant à la crête au dessus de Valle del Bove, sur l’Etna
Puis à cheval sur une comète
qui semblait une barque sans fond
arriva un homme au très clair regard.
Il s’assit au bord du cercle de pierres
et chanta ainsi :
« après le gué, j’ai posé le vieux monde
sur un lit de galets étranges ;
tous mes os deviennent harpe
et osselets et flûte dont le vent apprend à jouer.
Assis j’attends, j’entends, je pressens des destins et des mondes
naissant de nos paroles. »
11
Créé et peint le 22 août 2015 à Poyols
en pensant au cercle de pierres sur une crête de l’Etna et à Boutarinard
Puis arriva dans le creux du vent
une personne à la voix multiple ;
elle s’assit au bord du cercle de pierres
et chanta ainsi :
« dans des barques ou des trains,
à pied ou en car,
nous allons, déjetant la panoplie de la violence, je vais,
précipice-jardin empli d’enfants et de cris.
Sonnant douce harpe et claire percussion de mes clavicules
et de mes côtes courbes et légères
je porte la parole en graines et son émoi
et la livre à la main de qui veut ne pas tuer ni mourir ».
12
Créé et peint au col de la Servelle, au dessus de Saint-Nazaire le désert le 21 août 2015
en pensant à la crête de nuit au dessus du refuge Citelli sur l’Etna
Alors le cercle de pierres s’éleva,
devint colliers de lunes lucides au cou de la déesse invisible ;
du centre une voix chanta, proche et immense :
« je suis l’utopie qui nous fait délivrance et lien,
je suis la parole, j’aime sans aimer.
Vous gravissez les montagnes,
vous traversez les déserts et les mers
et je marche toujours à vos côtés.
Je suis votre peau et la racine de vos noms,
je suis votre corde vocale éternelle.
Je disparais dans les rides de la main que je serre,
je suis votre sillage dans la mer
et le poids de la pierre qui monte au ciel puis en revient.
Toujours je vous suis attentive, vigilante et aimante,
mais je n’existe que dans le retrait.
J’allonge la nuit et lui creuse le corps
jusqu’à en faire un volcan au fond de votre sommeil.
Je détends le jour et marche devant vous
qui cherchez à mieux vivre en traversant mers et déserts
pour être plus proches de moi,
mais je vous échappe, déesse oiseau invisible.
Je suis la parole, la délivrance et le lien
qui vous sépare et vous nomme amoureusement.
Vous me suivez et me poursuivez,
je vous devance dans le silence entre les salves de mon chant.
Je suis l’ombre sous les mots
et la clarté de la lune devant les pierres.
Marchant marchant vous me cherchez,
je me montre et m’esquive,
je vous dis et vous indique,
je suis la parole qui vous aime sans aimer ;
aussi faisons-nous cercle
roulant sans fin par les monts et les mers,
cercle qu’aucun dogme ni guerre n’épuise ni n’arrête,
roulant notre cercle par les plaines, les houles et les pentes,
anneau de la paix qu’après tant de violences et d’exils
la parole et le corps se passent au doigt l’un de l’autre,
simple utopie de pierres claires
ou d’os légers sur une crête
ou sur un rivage dans la nuit. »
*
L’installation Le Cercle de Pierres, avant de proches présentations à l’étranger, a été reprise à Paris le 27 janvier 2016 dans la Grande Salle de la Maison des Associations du 15ème, à l’invitation de l’association Le pont Mirabeau et avec une introduction par Anne de Commines. Voici deux photos de cette présentation :
La Parole donnée
à Aidone, centre de la Sicile, du 5 au 12 août 2015
« Voici vingt ans que je vais en Sicile. Terre en mouvement et en turbulence sismique et volcanique, terre de migrations permanentes, pacifiques ou guerrières, terre de civilisations en métissage, qui se replient ou s’ouvrent. Carrefour entre deux continents complexes, humainement aussi riches l’un que l’autre. J’ai connu de très heureux accomplissements sur l’île, comme l’installation La Mer Parle / Il Mare parla (hommage aux immigrés) en soixante pièces de céramique avec poèmes, en collaboration avec un brillant céramiste de Caltagirone en 2006, ou à l’université de Catane en octobre 2011 la création en opéra de chambre de mon cycle Le Poème de l’Etna avec un percussionniste virtuose de l’Opéra de Catane, ou la demi-douzaine de splendides installations avec mes amis, lui sculpteur et elle photographe, à Noto Antica, dans le sud de l’île. Mais j’ai aussi subi la désinvolture et la morgue de la fausse parole, de la fanfaronnade, de l’arrogance, attitudes assez fréquentes et stériles.
*
Je souhaitais aller au centre de l’île écouter ce que peut y être la parole, c’est-à-dire l’enracinement vocal de tout lien humain, qui engage, ouvre et crée. D’où mon travail en août 2014 à l’ermitage San Marco, à Aidone.
Or cette petite ville, par ailleurs haut lieu de l’archéologie antique (sur le site de Morgantina), de la même taille que Die, accueille, dans une magnifique solidarité, cent cinquante migrants arrivés à Lampedusa dans les barques et les rafiots de l’exploitation humaine la plus dure. Remarquablement accueillis et logés par la population, en particulier par une association de femmes jeunes, les migrants d’Afrique et d’Asie passent là jusqu’à deux ans, dans un statut temporaire, demandant un statut de réfugié ; une Commission d’état le leur accorde ou pas, sur longue enquête et entretien minutieux avec interprète. Puis ils repartent ailleurs, la région étant trop pauvre pour fournir assez d’emplois aux incessants arrivants. Période très dure pour tous, après les dangers considérables des traversées du désert et de la mer, car on y prend cruellement conscience que l’Europe n’est pas une terre mythique où l’argent coulerait à flot pour tous.
*
Le thème de l’étranger, de l’écoute et du dialogue est au cœur de mon travail. Les dix ans de dialogue de création au village de Koyo dans le nord du Mali le disent assez clairement il me semble.
J’avais commencé un dialogue de création avec un céramiste de Aidone. Mais voici qu’au moment même de mon arrivée pour, comme prévu et convenu, continuer ce dialogue et en exposer les premiers fruits on m’a soudain présenté des motifs insignifiants pour le reporter « ailleurs, plus tard ». J’aurais donc fait de nouveau trois mille kilomètres, mais cette fois-ci pour rien.
*
Cependant plusieurs migrants dont j’avais fait la connaissance dans les mois précédents m’attendaient. Et précisément sur le thème de la création, du dialogue de création et de la parole. Quant à moi il m’est impossible d’en user avec désinvolture. J’avais donné ma parole.
*
Voici ce qu’en quelques jours nous avons créé ensemble.
Avec un Sénégalais, Séni Diallo, et deux Maliens, Ali Traoré et Bandiougou Diawarra, voyageurs héroïques à travers le Sahara, la Lybie en guerre civile et la Méditerranée, francophones imprégnés de la foi musulmane et des rites animistes de leurs villages, ayant fait de courtes études, portant très pudiquement les cicatrices de jeunes vies déjà dramatiques, conscients de leurs responsabilités éthiques.
Et par ailleurs avec un homme de la minorité Rohingya persécutée au Bangladesh, Kanil Islam, anglophone, musulman, poète exalté et chanteur virtuose de R. Tagore aussi bien que d’épisodes du Ramahyana, imprégné de courants hindouistes et bouddhistes, intrépide et visionnaire.
*
Tous les poèmes-peintures ont été créés sur place et en dialogue entre nous ; et en autant d’exemplaires qu’il y avait de participants de sorte que chacun se retrouve à présent avec une collection complète du travail fait.
La parole donnée
Cinq quadriptyques verticaux (25 x 70 cm) sur papier Daler Rowney de 300gr
1
Le 6 août 2015, sur le thème de « Aidone même »
SD :
Les plages attirent les revenants des ancêtres.
Les personnes âgées sont considérées comme une bibliothèque consacrée au passé.
Les enfants sont des fleurs de la vie entière.
*
YB :
Les ancêtres brillent
Les murs s’ouvrent se ferment
Le cœur de l’île bat lentement
L’espoir est une plante vivace
*
BD :
Cette petite ville est Aidone
Elle est pleine de personnes
et il y a beaucoup de montagnes
Quand je suis venu rendre visite j’ai trouvé beaucoup de secrets
*
AT :
Une petite étoile au cœur du ciel
Mais une grande aux yeux du monde
que les visiteurs rêvent de visiter à travers son histoire
*
2
Le 7 août 2015 sur le thème des « sons de Aidone »
AT :
Je suis Aidone, j’attire les hommes perdus par les sons de mes cloches
Mes routes pavées de pierres réveillent les hommes au matin de bonne heure
Les bruits de mes enfants affichent leur comédie physique
*
SD :
Aidone est une petite ville amusante qui appellent les hommes à t’approcher.
Les hommes avec les bruits forment un cercle entourant au tour de la ville,
comme close et hurlement de la rue.
Les hurlements de la rue à Aidone font rebondir les hommes au moment de s’endormir.
*
DB :
En rentrant dans cette ville, c’est mauvais et incroyable mais vrai.
Car il y a un diable (=« un génie, un esprit ») dans cette petite ville qui aime tellement le bruit.
Maintenant à tout moment il y a le bruit dans cette ville.
*
YB :
Grosse pluie d’été
agite les tuiles
carillon enroué
accroche les exilés
pour se prouver virilité
sur la place les hommes s’interpellent
en se hurlant leurs prénoms
*
3
Le samedi 8 août 2015 sur le thème de « l’étranger à Aidone »
BD :
Après avoir rentré dans cette petite ville, Aidone,
je trouvais que toutes les personnes qui sont là,
elles sont des jeunes pleins de force et de beauté claire.
Et ils respectent leurs parents. Car s’il y a du bruit dans un village, il n’y a personne.
Car si on n’entend aucun bruit dans un village, il y a beaucoup de personnes, comme à Aidone.
*
AT :
Je découvre un village sur la colline
là où se rencontrent les voyageurs
qui laissent leurs traces sur les habitants avec leur expérience.
Ce village est Aidone, qui donne la patience aux hommes.
Aidone qui donne la force de salut à l’Etna chaque matin
et donne pouvoir de découvrir la beauté de la Sicile par sa hauteur.
*
SD :
Aidone est une ville consacrée aux choses antiques
qui attirent des personnes à visiter.
Les montagnes associées aux collines forment un arc-en-ciel,
justement celui que la Sicile est devenue, terre de tant d’exodes.
*
YB :
La plaine et la montagne
la ville et le champ
se rencontrent se croisent
et repartent.
Au début ou à la fin de sa vie
chacun est porté
par la beauté claire de la parole
qu’il ouvre
et qu’il pose, certains jours, sur la colline dure de Aidone
*
4
Le dimanche 9 août 2015, su le thème de « la personne qui manque à Aidone »
SD :
Sur l’île de la Sicile, c’est à Aidone que je me trouve.
Mais je suis chaque fois dans mon coin
car j’ai la nostalgie de ma famille,
qui me pousse à me distraire temps en temps
pour ne pas trop penser à la tristesse.
Les soirs je m’en vais jouer au foot avec les amis
mais il y a un seul ballon.
*
BD :
Je suis seul dans ce village, je pense toujours à mes amis,
à mon cœur manquent ceux qu’il aime,
Car si je me lève pour aller dormir
je ne réussis pas à trouver le sommeil,
je pense beaucoup à ma famille,
cela n’est pas sérieux de rester seul.
*
AT :
A ceux qui sont loin mais plus proches avec les pensées que j’ai
je vous dis que vous me manquez,
que je suis au centre de l’île,
là où les personnes sont accueillantes bien,
là où j’ai des nouveaux amis qui me font penser à votre solidarité.
Ô ma famille je me rappelle la promesse
que nous avons prise de ne vous jamais oublier.
Car la promesse est une dette.
Ô chère famille je suis au centre de l’île qui est Aidone
*
YB :
Au cœur de l’île
au cœur de ton cœur
manquent ceux que tu aimes.
Une ombre parfois, une voix
Qui s’effacent vite.
Mais reste à jamais la parole
Que tu as donnée.
*
5
Le lundi 10 août 2015 sur le thème de « ma prochaine maison »
YB :
Fenêtres ouvertes,
porte sans clef :
que chacun vienne ici s’asseoir un soir,
vienne dormir en paix,
et demain reparte sur la montagne
qui envoie son long salut
à peine posée sur l’horizon
comme l’ombre immense de la beauté
et la joie future de la parole
que tu portes en toi et donnes à tes enfants,
que tu donnes à chacun.
*
SD :
Ma porte d’entrée toujours fermée de la clef.
Mes parents et mes amis passent,
chaque fois peuvent dormir sans mon accord.
La cour de mon jardin est grande, pleine
d’arbres et de fleurs. Les enfants étudieront les matins
et les soirs iront au foot avec beaucoup de ballons.
Ils voyageront chaque fois avec mon accord.
*
BD :
J’ai fait cinq années à la maison de quelqu’un.
Maintenant je construis ma propre maison
et j’y transfère ma famille et mes enfants
la porte sans clef je dors tranquillement
un jour je parlerai à mes enfants et leur dirai de ne voyager jamais,
de rester à ma propre maison, tranquilles ils trouvent ce qu’ils veulent.
*
AT :
C’est une villa dans un jardin riche de fleurs.
Là j’accueillerai les parents, les amis qui viennent et repartent.
Là mes enfants auront leurs besoins sportifs et éducatifs.
Là je dirai à mes enfants d’étudier avant de partir.
Car l’étranger sans la connaissance
c’est comme un aveugle sans guide.
*
***
Deux poèmes-peintures avec Kanil Islam
les samedi 8 & dimanche 9 août 2015
sur quadriptyques verticaux ( 35 x 100 cm) de Fabriano Rosaspina 280gr
1
YB :
Qui change sa vie en grand voyage
cherche ce que chante l’autre pied de l’arc-en-ciel
et lui tend sa main libre
*
KI :
Jour nuageux, ombre en plein jour
cœur humide, nuageux, noué.
Vraiment je me sens perdu aujourd’hui,
j’ai vu une lueur dans les nuages,
j’avais entendu leurs larmes.
C’est le temps de la perte.
A quoi bon, c’est un jour de nuages.
2 «Derrière la beauté »
YB :
Au dos de la beauté
remue l’insomnie du monde violent
inadéquat l’homme qui veille
lui passe d’une main légère
le collier de la parole
*
KI :
Je l’ai vue ce matin,
déjà différente dans le ciel du soir.
Tu es belle,
tu n’as pas compris
que dans la différence tu restes toi-même.
Nous finissons par nous lasser de voir
toutes ces petites miettes de la beauté.
As-tu vu ne serait-ce que l’ébauche
de ce qui est derrière le déclin ?
Qui sera surpris de le voir.
***
Nos remerciements à Monica Camiolo, de Aidone
Parole, argile et feu / Parola, argilla e fuoco
9 céramiques (3 saladiers, 3 brocs, 3 plats) créées en juin 2015 dans l’atelier de Lorenzo Camiolo, à Aidone, au coeur de la Sicile
Aphorismes calligraphiés par Yves Bergeret
Préparation et cuisson par Lorenzo Camiolo
*
9 ceramiche (3 insalatiere, 3 brocche, 3 piatti) create a giugno 2015 nel laboratorio di Lorenzo Camiolo, ad Aidone, nel cuore della Sicilia
Aforismi dipinti da Yves Bergeret
Ceramiche modellate e cotte da Lorenzo Camiolo
*
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