Loire haute, 卢瓦水漫, Alta Loira, juin 2016

Saumur, juin 2016, 2
Cycle de huit poèmes écrits et peints en 3 exemplaires du 13 au 15 juin 2016
au bord de la Loire en grande crue à Cinq Mars la Pile & à Saumur
sur un livret allemand de 180 g à 24 pages de 30cm de haut sur 21 cm de large,
avec encre, acrylique et collages en particulier à partir d’un livre de comptes à Crest en 1900 et une gravure française du dix-neuvième siècle;

versions chinoise de Zhang Bo & italienne de Francesco Marotta.

Loire haute, 1
1
Canard, jeune canard crie dans les remous.
Le soleil passe sous l’arche.
La boue enserre la barque renversée.

野鸭,年幼的野鸭在涡流间啼鸣。

阳光在桥拱下穿行。

淤泥围住倾覆的小艇。

Una giovane anatra strepita tra i vortici.
Il sole passa sotto l’arcata.
Il fango avvolge la barca rovesciata.

Loire haute, 2

2
De l’autre côté des remous
on a dressé et fermé des tentes blanches.
Les nuages blancs s’appuient
en sens inverse.

涡流的另一头

人们支起并拢上白色的帐篷。

白云倚靠其上

从相反的方向。

Dall’altro lato dell’acqua vorticosa
hanno issato e chiuso delle tende bianche.
Nuvole bianche vi si appoggiano
in senso inverso.

3
Si les barges ne s’échouent pas sur les fonds vaseux
des étrangers nouveaux vont débarquer
cherchant l’hospitalité
dans une phrase ultime ou future.

如果驳船没有搁浅在泥泞的洼地

新的异乡人会登上悬梯

寻求善待

通过一个终极的或将来的语句。

Se i barconi non si arenano sui fondali fangosi
nuovi stranieri sbarcheranno
cercando ospitalità
in una frase estrema o futura.

4
Si les barges ne se retournent pas dans les remous
des étrangers inconnus vont s’avancer sur la berge
entre le faste de masques noirs de sabbat à minuit
et le rythme d’os si blancs et si légers
que c’est la mémoire qui y sonnera, fraîche rosée.

如果驳船没有在涡流间转身离去

无名的异乡人会在陡峭的河岸上前行

在群巫之夜黑色面具的奢华场面

与纯白轻盈的骨骼的律动之间

是记忆在这里鸣响,露水清凉。

Se i barconi non si rovesciano tra i gorghi
stranieri sconosciuti raggiungeranno la riva
tra lo sfarzo di maschere nere da sabba notturno
e il ritmo di ossa così bianche e leggere
che la memoria vi risuonerà come fresca rugiada.

Loire haute, 3

5
Le soleil s’étire et passe sous l’arche.
Parmi les cris des remous
la carène renversée grince
parmi les soupirs de nageurs.

阳光在桥拱下延伸穿行。

在涡流的尖叫之间

倾覆的船脊吱吱作响

在泳者的叹息之间。

Il sole si distende e passa sotto l’arcata.
Lo sciabordare delle onde turbinose
fa cigolare la carena rovesciata
tra i gemiti dei naviganti.

Loire haute, 4

6
Deux hérons blancs
dans l’eau beige de la rive
étendent leurs ailes :
encore une tente se déploie
fermée sur le mystère du grand voyage
dont personne ne décoincera le pont-levis.

两只白鹭

在河边的浊流中

伸开双翼:

铺展出又一顶帐篷

在伟大旅程的奥秘中合拢

无人会在此放下吊桥。

Due aironi bianchi
nell’acqua torbida della riva
dispiegano le loro ali:
un’altra tenda viene distesa
chiusa sul mistero del grande viaggio
per il quale nessuno calerà il ponte levatoio.

7
Qui ouvrira l’auvent de la tente ?
On contourne, on masque, on maquille.
Qui ouvre la porte verticale de la tente ?
On chantonne, on opère, on recoud.
Qui a fendu le sol sous la tente ?
Des dieux s’enfuient en boitillant.

谁会打开帐篷的雨帘?

人们兜圈,人们掩盖,人们篡改。

谁会打开帐篷的大门?

人们浅歌,人们施行,人们缝缀。

谁劈开了帐篷下的土地?

诸神步履蹒跚地逃离。

Chi aprirà il tetto della tenda?
C’è chi si aggira, chi si maschera, chi si trucca.
Chi apre la porta verticale della tenda?
C’è chi canticchia, chi è indaffarato, chi ricuce.
Chi ha squarciato il suolo sotto la tenda?
Qualche dio fugge via zoppicando.

8
Des dieux hagards s’accrochent aux gouvernails,
les barges vont chanceler. La fente au sol obscur
se referme. Les barges ne s’échouent jamais.
Aux yeux des riverains les étrangers chavirent.
Aux oreilles des étrangers, les riverains ont peur, espèrent.

惊恐的诸神拽紧船舵,

驳船摇摇欲毁。晦暗土地的裂缝

合拢。驳船永不搁浅。

在河边居民的眼中异乡人倾覆。

在异乡人的耳中,河边居民心怀恐惧,并期待。

Divinità stravolte si aggrappano ai timoni,
i barconi vacilleranno. La crepa sul suolo scuro
si richiude. I barconi non si arenano mai.
Agli occhi dei residenti gli stranieri si rovesciano.
Alle orecchie degli stranieri i residenti hanno paura, lo sperano.

Loire haute, 5

 

2 réponses à “Loire haute, 卢瓦水漫, Alta Loira, juin 2016”

  1. Sandrine Péricart dit :

    De la Loire très haute et prête à déborder, vers les tentes blanches, à quai, se pressent des étrangers qui naviguent, chavirent, nagent au bord de la conscience du poète, dans les reflets de l’eau, aux portes des villes d’Europe. Images de lagunes, de tréteaux, de chants et danses africaines confluent dans un poème d’accueil, en français, en chinois, en italien ; un poème à travers lequel les hommes désireux de bâtir ensemble une demeure ouverte se cherchent et se reconnaissent.

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