La guerre et la paix, avec Nicolas Hilfiger (1)

Sur un dessin que Nicolas Hilfiger a créé et intitulé ainsi, à Montrouge le 7 janvier 2023 sur papier 140 g au format vertical A4, en techniques variées.

.

.

.

Des décennies et des siècles

t’ont élevé chapitre à chapitre

et ont fait que tu sois ce grand récit

étiré en trame verticale,

comme une maison céleste d’échafaudages et de filins

avec des salles, des galeries ouvertes, des terrasses

où passent à pas feutrés tes oncles

et courent tes nièces en riant avec des enfants

diaphanes qui ne sont pas de ton sang

mais sûrement d’un village de l’autre côté du réel

où personne, semble-t-il, ne sait haïr.

.

Il est sûr que la lumière toute à son aise

peut aller, monter et descendre

en acrobate si légère

par les chambres et les places et les alcôves :

n’est-ce pas ici

tout ce monde

qui se nomme paix ?

.

Il est sûr que le vent sait,

comme une parole mythique,

traverser à l’horizontale ton tressage vertical,

qui est de porches, d’huisseries, de lucarnes,

et d’une immense fenêtre

où passe certaine foule.

Il est sûr que le vent pourrait décrire

les silhouettes des nièces ivoirines

et des oncles hardis comme condottieri.

.

S’écartent de la foule trois personnes

qui s’accoudent à la plus petite fenêtre

modeste comme la prochaine courte phrase

encore sans ponctuation.

.

S’écartent trois personnes, yeux clairs

qui voient s’ouvrir de l’autre côté

encore d’autres chambres et là à gauche

deux vallons aux vignobles dorés.

.

Se lèvent les trois personnes,

s’écartent les trois personnes,

vont les trois personnes

par la pente pierreuse d’un vignoble rouge.

La terre gronde.

.

De par-dessus

tombe une bombe.

Eclate la bombe.

La maison s’effondre.

La trame chancelle.

Des visages perdent peau par moitié, perdent nom,

douceur, nom.

.

Quel monstre tue ?

.

*

Yves Bergeret

*****

***

*

2 réponses à “La guerre et la paix, avec Nicolas Hilfiger (1)”

  1. Danielle dit :

    Quelle magnifique poésie verticale qui nous tire vers le haut dans une architecture de rêve, légère et transparente, où ne pourrait exister que la paix,gardée par de fiers condottieres venus du fond des temps…faut -il qu’un monstre vienne avec sa bombe ??que tout vole en éclat ?les éclats somptueux des dessins visionnaires de Nicolas Hilfiger.

  2. Michel: dit :

    L’image en poésie ou l’inverse ?
    Quel monstre tue ?
    L’ego tue, l’avidité tue, les certitudes tuent ; les peurs du néant, de manquer ou de vaciller en sont à l’origine… ?
    Mais alors, c’est la peur qui tue !
    La peur est à l’origine des malheurs dont nous avons peur !
    Pas besoin d’être croyant pour comprendre et rejeter la peur !
    La peur créée la peur, l’amour génère l’amour…
    Alors, Bonne année à toi que je connais comme à toi que je n’ai pas encore rencontré et … n’aie pas peur !

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