La montagne d’hiver
Poème écrit et calligraphié en observant la sombre Montagne de l’Oule à Veynes le soir du 3 janvier 2023, sur quatre triptyques de Papier U 180g de format déplié 21 cm de haut par 29,7.
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1
C’est à l’arrière des maisons et des rues,
c’est juste le souffle ligneux de la nuit,
de ce qui est beaucoup plus sombre que le sang.
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2
Dans la tragédie
c’est avant la colère du second acte
quand les héros se regardent en riant
avant de s’entretuer.
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3
C’est ce qu’entend la coque de la carène
quand elle racle un haut fond
et alors jaillit en pleine nuit
le cri blanc de la fraternité.
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4
C’est le triple meurtre
de la mère, du père et du tout premier aïeul,
l’inatteignable androgyne,
mais la mémoire en sa touffeur
n’est jamais meurtre,
elle est juste sacrifice
et la montagne au soir enfle encore.
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Yves Bergeret
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Comme un hiver sans neige, que ta montagne est sombre Poète !
Etymologiquement « douteux », le crépuscule n’en n’est pas moins le sylphe de l’écoute, le veilleur de la montagne parturiente.
Est-ce ainsi que se définit la tragédie: un savoir conscient, un souhait commun d’affronter le destin en lui faisant face ?
Oui, la montagne est notre socle anthropologique et mythique.
Comme à la perfection le montre Eschyle, en particulier dans son Prométhée enchaîné, qui est d’une totale modernité, le mythe est une lutte de la lumière contre l’ombre, de la confiance contre le renoncement, de la parole contre la violence ; la montagne, métissée par substance, est érosion sans tendresse et à la fois énergie en mouvement, matières en surrection.
YB