à Saint-Brieuc 1, fin novembre 2022
1
Pierre de vie
.
Poème sur quatre triptyques de 224g de format déplié de 24 cm de haut par 32, à l’acrylique, le 28 novembre 2022, à Saint-Brieuc.
.
.
Cinq cents ans
les mères ont roulé sous leur paume
la même unique pierre
sur la meule dormante
.
broyant le grain
.
perpétuant
.
.
Cinq cents ans
ma mère dans sa main
a chanté le roulis de la vie
contre le mur de la mort.
.
.
Merci, petite pierre,
salive de l’humaine montagne,
lune égarée dans ma bouche,
lestant l’espoir qu’un mauvais vent érafla.
.
.
La parole
âgée de cinq siècles plusieurs fois
ouvre en tous sens ses yeux,
parole, universelle pierre.
.
2
Le bois
.
Poème sur quatre triptyques de 224g de format déplié de 21 cm de haut par 29,5, à l’acrylique, le 29 novembre 2022, à Saint-Brieuc.
.
.
Sauvage bois
que j’arrache du fond
de l’océan épais des hommes,
ne me laisse pas oublier
la poussière de sueur et de sel
qui brille dans ton sillage et le mien
quand je bâtis
la demeure sans mur de la parole.
.
.
Bois ne vaut pain.
Pourtant si essentiel
pour indiquer la rectitude humaine.
.
.
Respire sans entrave,
me chantonne le bois,
j’ai englouti tant d’insectes
que je me sens fertile à jamais
pour l’épopée que tu aimes.
.

.
Bois souple
bois frère,
bois, ma plus belle empoigne.
.
3
Liberté retrouvée
.
Poème sur quatre triptyques de 224g de format déplié de 21 cm de haut par 29,5, à l’acrylique, le 30 novembre 2022, à Saint-Brieuc.
.
.
Volant en tous sens
ils piaillent, les oiseaux,
pour reconstituer ta tête fracassée,
petit homme que la violence émietta.
Les oiseaux sauront toujours recoudre ton nom.
.

.
Bouche inclinée
souffle de vie
bouche debout seule,
debout seul
le dramaturge c’est toi.
Ecris la pièce.
.
.
Yeux inclinés
dressés debout sur la mer
yeux voiles où soufflent
la liberté et sa fille la vie.
.
.
Doigts étirés
jusqu’au bout de l’archet
jusqu’au fond des terres
jusqu’à faire tomber le verrou de l’esclavage.
.
*
Yves Bergeret
*****
***
*
16 réponses à “à Saint-Brieuc 1, fin novembre 2022”
Rètroliens / Pings
- 01/01/2023 -
Veine enracinée, cœur de bois.
L’infinité de sève qui parcourt mes veines se dessine sur le veinage d’un plateau de chêne.
Chaque arbre est un monde plein.
Le vieux bois voyageur gémit
nous entoure, nous protège
son tronc perfore l’atmosphère
sa cime renouvelle l’air
Ah, mais voilà, vous êtes tous en train de composer un nouveau poème du bois. Belle, vivace, ouverte, dynamique création, oui, quelle belle démarche !
Travail du bois, règne de la rigueur
Travail du bois, règne du chaos
Sur les hauts plateaux de ma montagne que le vent glacé bat, chaque pin à crochets est une sculpture vivante en pleine lutte.
YB
Les saisons passent
L’arbre vieillit mais résiste
Avec la détermination du chêne et du bois infrangible.
Merveilleux chêne jupitérien, frère du fayard des hautes pentes de ma montagne !
YB
le baobab salue de ses racines au ciel ce magnifique travail. Formidable !!
bien sur, cela inclut les magnifiques commentaires !
Triptyque où chaque couleur accompagne l’envolée de la matière. Bravo !
Tout se croise
Tout s’emmêle
Et sur l’ardoise
Le peuple esquisse
Et moule la parole
Benjamin
Benjamin,
Tout comme des profondeurs sombres de l’humus jusqu’à la plus infime ramille en plein vent monte la sève,
notre détermination, notre espoir, notre parole, libres toujours.
YB