Quatre qui écoutent leurs montagnes, ou roche
Poème de l’écoute, en quatre portraits, créés et calligraphiés à l’encre de Chine et à la gouache sur diptyques de Clairefontaine 224 g, de format déplié 24 cm de haut par 32, à Briançon le 31 octobre 2021.
On le lit dans une somptueuse traduction en italien, dûe au poète Francesco Marotta. La voici : https://rebstein.wordpress.com/2021/11/11/poema-dellascolto/
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1
Par la montagne qui grandit et comprend
Il apprend la vigilance du cobra,
Il observe éprouve la bêtise du scorpion,
Il apprend la place du jeune ancêtre parmi les étoiles,
son voisin de parole et de trait.
2
Par celle qui balance et saigne puis s’en va
lui, il apprend l’élan sédimentaire et souple,
il observe éprouve la vie qui baratte,
il apprend l’humanité, malgré tout, de la sève du lierre
et la beauté du mélèze qui se dénude pour l’hiver.
3
Sur le haut plateau que balaie la tempête
lui autre, il apprend le nouveau point cardinal,
il observe éprouve la poigne du savoir dont il geint,
il apprend que dans ses propres mollets
des ancêtres migrent bruyamment
et qu’en neige avalancheuse
chantent leurs épouses.
4
Dans le poing que serre le granit contre les vagues
elle apprend le fil noir, le fil brun de la parole,
elle observe éprouve la trame du savoir,
elle apprend à sauver le sel et l’âme des cristaux
dans un balbutiement orange
qu’enlace somptueux le ciel.
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Yves Bergeret
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5 réponses à “Quatre qui écoutent leurs montagnes, ou roche”
Rètroliens / Pings
- 11/11/2021 -
Magnifique.Quel privilège que de pouvoir lire ces textes !
Oui, c’est ça: apprendre, voir, comprendre, écouter = poésie en dialogue avec l’autre
Premier de cordée:
« Quatre qui écoutent leurs montagnes, ou roche » ouvre désormais l’édifiant cortège des Carnets.
Construction cohérente:
De source à embouchure, c’est eau de libation et d’ablution.
De ravin à sommet, c’est roche de souvenir et d’édifice.
Concordance des Temps:
Sur l’estran, laisses blanches des vagues rencontrent laissent noires fossiles des falaises.
Curriculum vitae:
En songe, Pline passe La Porte Romaine et murmure : « Album calculum rei adjicere »
Le poème éclaire et crée les étranges intensités de l’écoute, les expansions de la parole.
Superbe ! Que de patience, que d’écoute, que de symbiose avec la nature pour juste apprendre, apprendre un peu, apprendre encore, et encore …