La clairière et la cire
On lit ce poème en italien, dans une magnifique traduction du poète Francesco Marotta ; la voici : https://rebstein.wordpress.com/2021/11/04/la-radura-e-la-cera/
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Tu jettes au gouffre denté déchiquetant,
au destin, aux vagues boiteuses, des mots.
Ils sont ébouriffés comme des barques démâtées.
Ils sont insubmersibles.
Leur bois est la confiance.
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Ils sont partis, les cinq frères
sans un bagage sans un mot d’adieu.
Ils sont partis laissant la porte ouverte.
Dedans une bougie crie à la lune,
crie vers toi qui ne comprends plus
leur lien de sang, de rapines et de forge.
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Allongé à même le sol de la clairière
tu bois les clameurs,
les rancœurs, les sursauts des morts
de toutes les pentes et des villes derrière les pentes.
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Le sol de la clairière
distribue tes doigts aux troncs.
Tu joues comme à cordes de lyre
le contre-cri des absents.
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Tu cherches le bras en cire
pour celui que les violents t’amputèrent.
Ton index fera mèche
et sa flamme cri.
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Flamme de bougie vacille ne vacille pas.
A son cœur
du bleu : l’irréductible parole
qui appelle, cautérise et sauve.
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Yves Bergeret
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5 réponses à “La clairière et la cire”
Rètroliens / Pings
- 04/11/2021 -
Un éclat de lumière en ce matin parisien; d’un coup on réalise que ce monde est dur, mais vivant. Qu’aux pires decisions, une aube succède. Merci Yves
« L’irréductible parole » versus « La Résistible ascension d’Arturo Ui »
Le songe des mots livrés au réel résiste à tous les mensonges.
Cinq doigts de fratrie tracent leur ligne de vie.
Le poème cueille cris, mots, signes.
Cris, mots, signes fertilisés chantent vigilance.
Le poème pointe l’index de la lucidité.
Le poème arme le bras de la parole-action.
« L’irréductible parole » vit, voit, avance.
Que jamais ne se taise la parole … Comme la petite flamme vacillante de la bougie, la parole donne l’espoir et reste un refuge ultime. Merci Yves de porter cette parole
Très beau, comme toujours !