La Ligne des ruches
Poème écrit au hameau de Glaise, près de Veynes, l’après-midi du 19 février 2021.
Le poète Francesco Marotta crée de ce poème une puissante version italienne que l’on lit à cette adresse : Di acque e di alveari | La dimora del tempo sospeso (wordpress.com)
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Dans le pré au bord des épineux
seule
la ligne des ruches
pose sur un fil
la lourde cohorte des montagnes sombres.
Dans le pré bruni par le gel
seule
la ligne des ruches
pose sur un fil
la lente cohorte des nuages sombres
qui portent dans leurs ventres
des îles et des mers et des gouffres.

Entre les bosquets dénudés
et les éboulis gris
seul
le chant du torrent
pose sur un fil
le très long récit des chasseurs, des pisteurs, des bêtes.
Dans le fouillis opaque entre les arbres noirs
seul
le chant du long torrent invisible
pose sur un fil
le poids des montagnes
qu’a portées
à contre-pesanteur, à contre-violence
le piétinement des femmes et des hommes.
Dans le pré bruni au dessus du torrent
seule
la ligne des ruches
pose sur un fil
le gravier et la boue et les feuilles sèches
qu’à chaque pas nuages et montagnes emportent.
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Yves Bergeret
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3 réponses à “La Ligne des ruches”
Rètroliens / Pings
- 25/02/2021 -
« Protinus aerii mellis caelestia dona
exsequar : hanc etiam, Maecenas, adspice partem. »
Dans les Géorgiques, Virgile parle du miel et propose un grand spectacle à l’admiration de Mécène.
« La ligne des ruches » paraphe les montagnes, caresse les nuages.
Trait d’union, elle lie Flore, Faune, Homme.
Le melos du torrent file le récit.
Poème mellifère, « La ligne des ruches » espace le temps, étend l’horizon.
Comme il est facile de se laisser porter par le fil des mots du poète et laisser son humeur musarder au-dessus des ruches du torrent, des montagnes …