Des Masques
Poème écrit et peint en deux exemplaires à Paris le 24 juillet 2018 par Yves Bergeret sur petit carnet Clairefontaine de 48 pages, 90 g, de format 11 cm de haut par 17 de large.
Ce poème se lit en italien, dans une traduction très inspirée qu’en donne le poète Francesco Marotta, à cette adresse : https://rebstein.wordpress.com/2018/07/29/maschere/#more-90408
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1
Un bateau,
un masque sur la mer
2
Dans le sillage
l’odeur du nom perdu
de ce que l’on a laissé filer au fond
3
Cent bateaux, au grand large
est-ce déjà la forêt finale, elle crie en levant ses bras,
masques brandis, oui, à bout de bras
4
Reprenons souffle, mes amis,
la terre est encore loin
5
Reprenons souffle, les dieux
se sont dissous dans l’écume,
la terre est à créer
6
Cent bateaux ou un,
bien inspirés sommes-nous d’avoir creusé masque
dans le ligneux rêve humain,
bienheureux d’avoir su protéger nos yeux,
cent ou un, égal charisme
pour la grande pièce à jouer
faute de terre
7
Nos sillages se croisent
nous nous saluons, tous étrangers.
Hors racisme collision ne se peut
8
Aussi voudrais-je
n’être qu’une syllabe, qu’une lettre
pour le masque posé sur mon front
ou sur le récit formulable
ou sur une vague
9
Loin à tribord
la formule lointaine et opaque
que ton masque d’étranger
laisse dans son sillage comme une odeur,
c’est le levant
10
S’évitent et s’approchent
les masques et nos corps ;
et nos mains loquaces
sont les vagues de la mer
qui entre les répliques
vite
courent
11
Les masques ne touchent pas l’eau salée.
Les masques flottent devant
par là, face au vent,
face au levant nous jouons la grande pièce
12
C’est l’odeur de terre humide,
notre haleine entre les nuages
entre les masques
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Rètroliens / Pings