Les Effigies, à Naples, septembre 2017
Cycle de cinq poèmes créés en quatre exemplaires par Yves Bergeret à Naples du 25 au 27 septembre 2017 sur quadriptyques horizontaux (21 x 59 cm, acrylique et collages) de papier Accademia 200g de Fabriano.
Ce cycle de poèmes est traduit en italien par le poète Francesco Marotta à cette adresse (en 2ème partie) : https://rebstein.wordpress.com/2017/09/30/le-grandi-immagini/
1
Celle qui chaque soir s’allongeait pour dormir
au pied de la fresque à Pompéi
demandait à la couleur rouge
un sable où masser son corps,
à l’effigie mâle nue une présence menaçable
et à l’effigie féminine toute voilée
un enfouissement dans le mythe, même infantile.
Elle était banale, les effigies peintes étaient banales.
Par les narines de tous passait comme un vent de mer
le souffle du récit qui retendait leurs vies volatiles.
2
Celui assez jeune qui sourit sans cesse
descend à minuit jusqu’à la mer
observer les petites îles s’écarter les unes des autres,
le Vésuve raboter certaines étoiles
et l’ortie noire pousser
entre le passé et le présent comme le destin d’un héros renversé.
Sourire amadoue l’ortie
pour la mieux déraciner.
3
Celui qui a franchi la mer
en se faufilant entre les crocs des trafiquants et des requins
cherche sans fin sur le trottoir en grosses pierres de basalte
les traces de pas de l’ancêtre qui fit fortune
et fit reculer la mer ; il sait
que cet ancêtre n’existe pas,
il le cherche férocement, c’est un dieu.
4
Celle qu’on enivrait derrière une tenture
au fond du long corridor de grès de son antre
pour balbutier des énigmes à traduire
faisait trembler les princes et les rois.
Le vent du large rage, le volcan tonne,
la colline de grès tremble, je baisse la voix
car celle qu’on enivrait serre encore ses genoux
contre sa poitrine et le calme vent de ses poumons
met verticales notre terre et notre ville ambiguë.
5
Celui ou celle que le fond de la terre cherche
par la bouche édentée du grand volcan et par la dizaine
d’autres petits cratères des rives et des îles alentour
n’a sûrement pas de nom ; tous les morts
remontent à l’air libre écouter
si le sens de leur mort et de leur vie a été trouvé.
Pourtant sincère la Sibylle n’a pas assez convaincu.
La grande diction, tel est le chantier de notre carène.
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Rètroliens / Pings