Au Café Andarta, à Die, poème d’Antonio Devicienti

Ayant séjourné à Die, le poète et essayiste Antonio Devicienti a consacré ce poème à un des Cafés les plus créatifs et humains de la vallée. On lit sa version originale en italien ici : https://vialepsius.wordpress.com/2017/06/28/au-cafe-andarta/

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On sait que le grand site et blog italien La Dimora del tempo sospeso fait très largement autorité en Italie. Il vient de reprendre ce poème-ci d’Antonio Devicienti, tout en l’accompagnant de la présentation que l’on va lire ci-dessous. Celle-ci en outre rappelle clairement l’orientation éthique fondamentale de mon travail. Je remercie sincèrement l’auteur de ce rappel. Il m’a paru utile de le traduire et de le proposer en avant-propos aux lecteurs francophones.

YB

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Il y a six ans, en plein été, faisaient leur apparition sur ce site les premiers textes (pour être précis, le très beau Poème de l’Etna) d’Yves Bergeret, poète et artiste plasticien de valeur absolue et reconnue, voyageur infatigable, depuis toujours en dialogue avec les cultures autres de l’Afrique et des Amériques, de l’Europe et de l’Asie, grand connaisseur des civilisations liées à l’oralité, estimé et traduit dans le monde entier. Alors pratiquement inconnu en Italie, à la louable exception toutefois d’un groupe d’artistes et d’intellectuels siciliens (et avant tous, Carlo Sapuppo et Pia Scornavacca) qui avaient oeuvré à présenter au public italien ses installations, ses « poèmes-peintures » intenses et impressionnants, en même temps que l’engagement constant du poète provençal en faveur de la cause des migrants.

A partir de ce moment son œuvre a contribué à enrichir La dimora del tempo sospeso dont il est devenu une présence constante, discrète mais essentielle, en parfaite syntonie avec son traducteur, Francesco Marotta ( à qui on doit, entre autres, un des plus beaux essais qu’il soit donné de lire sur l’œuvre de Bergeret ), et en totale cohérence avec l’intention éthico-politique, avant même d’être esthétique, qui est une des raisons d’existence du blog. Pour fêter, à notre manière, l’événement, nous préparons une petite anthologie tirée de la centaine de textes de création et de pages en prose qu’il a voulu nous offrir, sans aucune présomption critique mais en suivant uniquement le fil de l’émotion, de l’implication personnelle et des pistes de réflexion et de connaissance qu’il a su nous fournir dès que, il y a quelques années, nous l’avons connu et nous avons commencé à le lire avec une attention toujours plus grande.

Dans l’attente que soit conclu le travail que nous nous préparons, nous voulons partager avec vous l’hommage que lui a dédié Antonio Devicienti, sensible et très précis comme toujours, sur son blog. A l’apparence et à la description, toute en écoute et en participation, d’un lieu bien précis, le Café Andarta, à Die, ville natale d’Yves Bergeret, qui se transforme, de vers en vers, d’image en image, en un vaste portrait réunissant un poète qui nous est et nous sera toujours cher, les valeurs dont sa personne et son oeuvre sont l’expression, les mondes que nous avons connus et habités grâce à ses yeux, à ses couleurs et à ses poèmes, l’humanité que nous avons retrouvée en nous et hors de nous grâce à son exemple. (g.e.m.-rebstein)

La version originale en italien de cette présentation se lit ici :  https://rebstein.wordpress.com/2017/07/10/al-caffe-andarta/

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Au Café Andarta on va pour une bière ambrée

et des paroles d’amitié

au Café Andarta les pierres antiques des remparts

et le bois vivant des tables, des planchers

sont des mers profondes qui engendrent des montagnes

sont des montagnes d’écriture grande ouverte

et des livres aux murs qui murmurent des mots

tandis que le poète découpe

et colle les éléments de ses collages et écrit

peint écrit découpe et colle

au Café Andarta vient s’asseoir Boulgakov

et Marguerite est avec lui

sur une serviette en papier

il écrit au stylographe cette lettre si belle qui

semble un papillon –  – Ж

et la serviette s’envole et plane sur le

piano du Café Andarta

où Elytis joue par coeur Bach

puis la serviette-papillon devient

une carte routière de la France,

les sentiers de la Drôme et du maquis,

un livre donné, un manuscrit de René Char,

une marque de pouce dans l’argile humide,

la lampe suspendue au dessus de la table au Café Andarta,

l’appareil photo de Josef Sudek

et son bras arraché – acte de poésie,

les lunettes de soleil de Pasolini,

une mosquée de sable du Mali,

un exemplaire de Lémistè.

Pour Valentina et Yves

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3 réponses à “Au Café Andarta, à Die, poème d’Antonio Devicienti”

  1. Antonio Devicienti dit :

    Un merci à toi, cher Yves, un merci à Madame Valentina – un troisième merci au Café Andarta, lieu d’amitié et de culture.

  2. lucetta frisa dit :

    Félicitations cher Ami Antonio pour ton voyage à Die dont j’ignorai l’évènement. Dans l’attente d’écouter toute l’historie….° Toute à l’heure
    lucetta

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  1. Al Caffè ANDARTA | La dimora del tempo sospeso - 10/07/2017

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