Nutriment, avec Xavier Lemaître, à Cabourg, février 2017
Poèmes en quadriptyques verticaux de Xavier Lemaître & Yves Bergeret, créés à Cabourg, du 4 au 7 février 2017, sur papier Canson 224 g format 65 cm x 25, avec encre, collages et peinture acrylique d’Yves Bergeret
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1
Vagues rondes de la mer froide
sur le sable viennent laver
les jeux durs des enfants qui crient
Vagues courbes de la mer blanche
sur les brisures du sable
viennent jeter sel et retourner
châteaux guirlandes maquillages
ostensoirs coquillages rubis volés
Vagues rondes
deux mains deux seins
le lait tiède sous le froid
YB
Vagues affamées de sable sec
lèvres écumeuses se mordent
et s’embrassent
lames salées tranchent la plage
et lèchent l’étal des coquillages
au rythme entêtant du sac et du ressac
XL
2
Si le grain semé ne meurt pas
germination,
si l’eau du ciel ne tarit pas
fertilisation,
si un doux ventre s’arrondit
gestation
sur une terre généreuse
entre la nuée laiteuse
et la mer poissonneuse
l’homme nourrit l’homme.
XL
Ce sont les mouettes qui ont abattu tous les arbres,
c’était l’ordre crié par les officiers
mais les hommes tous les matins balaient avant le vent
les bricoles ligneuses ou métalliques tombées
et les pommiers se redressent
moins inquiets que nos chevaux,
fiers du cousinage des hêtres
qui fourniront le bois de la carène.
YB
3
Toute l’eau du fleuve des hommes
sans la surface de celui-ci,
toute l’eau bruyante,
toutes les maisons alignées devant la mer
et le vent du grand large
trace la raie dans leurs cheveux :
c’est la rue principale ;
toute l’eau de la mer
sans la surface de celle-ci,
toute l’eau poissonneuse salée rouillée
harcelée granuleuse
hypocrite et ravie d’être si proche des hommes.
YB
Yeux vifs, oreilles dressées, naseaux dilatés ;
cheval d’ébène offre son poitrail fumant
au dos d’une large vague froide d’albâtre.
Tête haute, encolure puissante, pas assuré ;
le pur-sang venu du levant met cap au ponant ;
monture d’espoir, étendard de liberté.
Crinière n’est pas postiche,
posture n’a pas d’allure.
XL
4
Rossés par le vent du large
les arbres s’accouplent avec leur ombre,
le sable grain par grain avec sa mort précédente,
les hommes avec les femmes dans des lits de grès au dos des hangars.
Derrière la dune
le récit et le nutriment, eux,
prennent la nuit comme un miroir
où se toiser avant de s’accoupler.
YB
La main trace les triviales hosties
d’un très vieux pain tellurique.
Anciennes légendes sombres des ombres d’hier,
tout premier chant du coq perçant la brume,
terre détrempée à herbe grasse offerte en pâturage,
chemin abrité dessiné en bocage,
rouleau vivant de vague nourricière,
souffle vibrant du vent semeur et chanteur,
cris blancs des meutes de mouettes affamées,
regard confiant de l’étranger rassasié,
vagissement gourmand de l’enfant demain.
Mots posés en nutriment.
XL
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J’adore, beaucoup.
Merci pour cette nutriment de l’âme.