Au revoir ami, poème d’Ali Traoré
Poème écrit le 22 août 2016 à Aidone, cœur de la Sicile, pour le départ de Séni Diallo
Ali Traoré et Séni Diallo sont arrivés en Sicile par une embarcation de passeurs libyens il y a deux ans. Une association d’accueil les héberge à Aidone, comme plus d’une centaine d’autres, dans le centre de l’île, et a préparé avec eux leurs dossiers de demande d’asile. Elle les emploie finalement tous les deux comme médiateurs, ils parlent chacun sept à huit langues. L’association laisse des « familles » locales particulièrement ambiguës profiter de tous ces migrants, jeunes et volontaires. Ali et Séni sont très clairs et fermes dans leurs analyses. L’association qui est loin d’empêcher une surexploitation des migrants vient de séparer Ali et Séni devenus quasiment frères depuis leur traversée héroïque du Sahara et de la mer. A Aidone ils dormaient, et à six, dans la même chambre. Séni est « muté » à une centaine de kilomètres. Ali perd son soutien et son complice de chaque instant. A son départ, Ali le salue et pleure. Voici son poème de séparation, écrit directement dans un italien intrépide, traduit par Yves Bergeret. Ce poème, simple, franc et intègre, est un poème de preux. Il fait penser à l’adieu de Gilgamesh à Enkidu, son ami tué.
[Ali & Séni ont inspiré deux des cinq personnages principaux de Carène, poème inédit en cinq actes ; une partie notable se lit sur ce blog ; également sur le blog italien La Dimora del tempo sospeso, dans une traduction lumineuse de Francesco Marotta ; l’édition « papier » bilingue de Carène est prévue. ]
A te che ti ho conosciuto con tuo bel sorriso e stiamo separando con emozioni.
A te che sei stato mio compagno di notte e giorno.
A te che l’avventura ci ha fatto diventare fratelli.
A te che il cuore batte per tua separazione, e gli occhi lacrimano.
Sei stato un amico di ogni attimo dall’inizio fino ad oggi.
A te che mi hai supportato nel questo grande viaggio e mi hai sempre consigliato.
A te che sei stato un amico e sarai un amico per sempre.
A te che sei stato sempre grande e sarai sempre più grande.
Finiamo questa parte del viaggio con felicità.
Caro amico ti voglio bene.
*
A toi car je t’ai connu avec ton beau sourire et on est en train de se séparer, très émus.
A toi car tu as été mon compagnon nuit et jour.
A toi car l’aventure nous a faits devenir frères.
A toi car le cœur me bat pour ta séparation, et les yeux pleurent.
Tu as été un ami du moindre instant, du début à aujourd’hui.
A toi car tu m’as soutenu dans ce grand voyage et m’as toujours donné conseil.
A toi car tu as été un ami et tu seras un ami pour toujours.
A toi car tu as toujours été grand et tu seras toujours plus grand.
Finissons cette partie du voyage avec du bonheur !
Cher ami je t’aime beaucoup.
*
5 réponses à “Au revoir ami, poème d’Ali Traoré”
Rètroliens / Pings
- 23/08/2016 -
A reblogué ceci sur Via Lepsiuset a ajouté:
Per chi è convinto che i migranti vadano ricacciati in mare; per chi è convinto che i migranti vengano in Italia per farsi mantenere; per chi è convinto che i migranti ci rubano il pane e il lavoro; per chi è convinto che le ragioni della pancia vengano prima di quelle della poesia; per chi è convinto che i migranti siano animali ignoranti; per chi fa finta di non sapere che la schiavitù viene esercitata anche in Italia; e chiamateci pure poeti (usando quel vostro abituale mezzo sorrisino di scherno) e diteci pure che siamo illusi e che non sappiamo vedere la realtà.
A reblogué ceci sur inni in vaniet a ajouté:
A volte pensare di poter fare chiarezza – su certi aspetti così evidenti – pensare di fare amicizia – di vivere davvero l’amicizia – denunciando chi la « rompe » (impossibile), chi prova a separarci
Cette cruelle séparation, imposée,ne réussit pas à déchirer les liens étroitement tissés.Ces hommes sont plus grands que leur douleur,il est beau de lire cette affirmation de vie.Qui a dit L’amour est sans chagrin au milieu du chagrin ?
Un grand merci.