Colline en feu, avec 2 dessins de Soumaïla Goco Tamboura [4]

Livret créé (20 cm x 21, en 3 exemplaires) par Yves Bergeret à Die du 26 au 28 mai 2016, avec, parmi les encres, les gestes de couleur et les collages, deux dessins que Soumaïla Goco Tamboura a faits en juillet 2008 dans le désert au Nord du Mali. 

Si legge tradotto in italiano da Francesco Marotta, poeta, con questo link : 

https://rebstein.wordpress.com/2016/05/31/collina-in-fiamme/

 

fine settimana con angela 004 (1).JPG

 

On ne sait comment prit le feu.

On parle d’un jardinier maladroit,

on évoque un lézard-dragon,

un vent perfide,

un ennemi masqué parmi nous.

*

 

Le feu monta notre pente au galop,

il était un loup noir à vingt poumons.

*

 

On se précipita dans les ravins latéraux

car notre colline allait mourir

et nous avec elle, dans des douleurs égoïstes,

comme toutes nos villes.

*

 

Le feu en un jour brûla toute broussaille.

Hélas aucun Prométhée ne survint.

Les couards s’esquivaient en bluffant.

Le feu fut mon ombre indigne ;

puis il la fit blanche,

mon ombre fut digne.

La chouette affectueuse m’embrassait.

*

 

Le calcaire et le grès souffrirent

dans un rut diabolique.

*

 

Si lâche fut le vent,

si duplice la flamme à l’œil torve

que la colline qui pensait s’affaisser

se redressa. Et se dressa si haut qu’elle épousa

le membre du volcan du milieu des mers.

*

 

Alors les vaches du soleil

sculptèrent la pente.

*

 

Alors un étranger aux talons durs

sortit d’une caverne rouge

et grimpa la pente

par l’envers de la possession.

*

 

Alors un lit de ruisseau

naquit dans ses pas.

 

Alors  personne ne connut si le cours de ce ruisseau

monterait ou descendrait.

*

 

Alors le récit naquit

dans les dures souches

entre les cendres fumantes.

*

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*

8 R004-006

[ Soumaïla Goco -en chemise bleue- , captif de Peul, s’adressant en juillet 2003 à des « poseurs de signes » dogon Toro Nomu du village de Koyo, lointain (ici un grand féticheur et deux chanteurs de litanies secrètes de circoncision et d’enterrement, qui ont été mes compagnons de création pendant dix ans) ; ils sont ici assis devant la paroi aux signes peints encore assez visibles, au fond de l’auvent de Komboal Bilgadan ( = « la grotte des signes », dans le dialecte peul de la région), à une heure de marche dans la montagne au dessus du village des captifs de Peul, Nissanata ; Soumaïla Goco essaie avec eux et moi de retrouver le sens oublié et la fonction perdue de ces signes.  YB ]

 

2 réponses à “Colline en feu, avec 2 dessins de Soumaïla Goco Tamboura [4]”

  1. veron dit :

    merci pour ce texte qui allie simplicité de l’écriture et énigme ,énigme redoutable pour le profane qui a perdu le sens de son origine ou plutôt la trace d e celle-ci,Votre texte s’apparente aux récits mythiques.vous avez su retrouver la source cachée dans ces rencontres au Mali

Rètroliens / Pings

  1. Collina in fiamme | La dimora del tempo sospeso - 31/05/2016

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